Sans doute le film le plus influent à avoir été créé pour Expo 67, A Place to Stand est l’œuvre de Christopher Chapman, qui en est le producteur, le réalisateur, le caméraman et le monteur. Le film est une commande de TDF, un studio de design commercial de Toronto, travaillant pour le compte du ministère de l’Économie et du Développement de l’Ontario et il a été présenté en première au Pavillon de l’Ontario le 28 avril 1967. Tourné sur une période de deux ans en Technicolor 70 mm, il était projeté sur un écran de 20 mètres de large par 9 mètres de haut. A Place to Stand faisait un usage abondant d’écrans multiples, offrant jusqu’à quinze images à la fois au public. L’effet était accentué par différents cadrages qui modulaient le nombre et la configuration des nombreuses images. Grâce à cette utilisation d’images multiples, environ 90 minutes de séquences pouvait être vue pendant les 18 minutes que durait le film. Les images, conçues pour représenter toutes les facettes de la vie en Ontario, proposaient des points de vue détaillés de différents paysages (issus, entre autres, d’impressionnantes prises de vue aériennes) : forêts, agriculture, vie rurale et urbaine, de même que des icônes nouvelles et anciennes comme les chutes Niagara, la Voie maritime du Saint-Laurent et l’hôtel de ville de Toronto. Le tout était présenté sans narration, les images étant plutôt accompagnées d’une somptueuse bande sonore, produite par un orchestre de quarante-cinq musiciens et une chorale de quinze voix.
A Place to Stand jouait en continuité durant Expo 67, où il a attiré environ deux millions de spectateurs. Après la fermeture d’Expo 67, le film a été présenté dans des salles de projection 70 mm au Canada, aux États-Unis et en Europe, où l’on estime qu’il a été vu par 100 millions de personnes. Sa chanson titre, composée par Dolores Claman avec des paroles de Richard Morris, a été vendue sous forme de disque par Arc et RCA Victor. Le film a encouragé et influencé l’utilisation d’images pour écrans multiples dans les films hollywoodiens à la fin des années 1960 et au début des années 1970. Il s’est mérité l’Oscar du meilleur court métrage de fiction. Ce qui est peut-être encore plus important, A Place to Stand démontrait la faisabilité des films grand format non narratifs avec images multiples et, à ce titre, il a favorisé la création de l’IMAX. Comme il convient, le premier théâtre IMAX permanent a été construit à la Place de l’Ontario, un pavillon de type exposition universelle à Toronto. (Janine Marchessault)
Christopher Chapman
Le cinéaste et directeur photo Christopher Chapman a entamé sa carrière en 1954. Son film pionnier à images multiples intitulé A Place to Stand (1967) a remporté le Canadian Film Award du film de l’année et l’Oscar du meilleur court métrage de fiction en 1968. Dans les années 1970, Chapman a réalisé de nombreux films IMAX pour la Place de l’Ontario, dont Toronto the Good (1973) et Volcano (1973). Il s’est mérité la Médaille du Centenaire du Canada et un total de six Canadian Film Awards; il a été président de l’Académie royale des arts du Canada et de la Guilde canadienne des réalisateurs.