Citérama

Éléments mixtes et multimédias
Pavillon de L’Homme dans la cité

L’expérimentation cinématographique et théâtrale Citérama était dans le cadre du Pavillon de L’Homme dans la cité. Dessiné par Arthur Erickson, l’édifice comme tel était une pyramide de rondins chapeautée d’un toit en forme de cône à ciel ouvert; lorsqu’ils passaient, les spectateurs avaient droit à une « perspective utopiste » se profilant à 42,67 mètres au-dessus de leurs têtes. Le théâtre était composé de deux plateformes concentriques empilées. La petite pivotait plus rapidement que la grande et s’arrêtait par intermittence, de sorte que les deux cents spectateurs distribués autour de l’installation pouvaient créer des liens entre les différentes images. Chaque plateforme était divisée en douze scènes qui étaient des décors tridimensionnels. Six des douze scènes intérieures étaient équipées d’écrans à diapositives, eux-mêmes divisés en deux et portant chacun 350 images, pour un total de 700 images rétroprojectées créant un « film fixe ». Le but visé était de produire un « collage en mouvement ».

Dans la petite plateforme, les images projetées incluaient un montage d’enfants en train de manger ou se rendant à l’école, le déversement de béton et de fer dans des moules, l’usinage d’écrans de télévision, des scènes de violence et de guerre. Dans un style post-humaniste cherchant à animer et à amplifier la muséification et l’absence de signes de vie, l’art Pop et l’art Op éliminaient les frontières entre arts majeur et mineur, entre différents médiums, entre public et spectacle. Il y avait une sensation de spectacle théâtral produit par les anneaux qui se déplaçaient à différentes vitesses, effet faisant que chaque spectateur vivait une expérience personnelle et tissait ses propres liens. Toutefois, cette « représentation » s’inscrivait sous le même thème universel de la cité et de la technologie, thème considéré en termes « de jeunesse, de recherche scientifique, de société de consommation, d’amour, de communication, de violence, d’autorité ». La bande sonore, qui combinait jazz, sons concrets et voix enregistrées, présageait les techniques de son ambiophonique et créait un environnement immersif. (Janine Marchessault)