Commandité par six entreprises canadiennes de produits chimiques et dédié au thème de la « couleur », le Kaléidoscope a été créé par l’Institute of Design de l’Université de Waterloo et par Morley Markson and Associates, un bureau d’esthétique industrielle de Toronto. L’extérieur du pavillon a été conçu à la manière d’un carrousel cylindrique dont les 112 lamelles verticales composaient une roue tridimensionnelle colorée. À l’intérieur, utilisant un éclairage sculpté, des séquences filmées et des diapositives projetées, Markson avait créé un jeu abstrait de sons et d’images sur des surfaces tapissées de miroir. Comme l’a décrit Donald Theall, quatre salles se déployaient à partir d’un noyau central (abritant la salle de projection). Une salle au sommet d’une rampe servait d’entrée et de sortie pour le public; les spectateurs se déplaçaient ensuite dans trois théâtres aux formes différentes où étaient projetées les trois parties d’un film de 12 minutes intitulé Man and Colour, les images figuratives se transformant progressivement en pures couleurs abstraites. Dans le premier théâtre en forme de ???, des réflexions créaient un horizon illimité grâce à des miroirs à gauche, à droite et sur les murs aux extrémités. Les images de nature projetées comprenaient des étoiles scintillantes, de l’eau et des vagues, une fillette se dirigeant en courant vers un verger, des fleurs, des oiseaux et un ballon. Dans le deuxième théâtre en forme de diamant, des miroirs au sol, au plafond et sur le mur arrière (d’où provenait la projection) créaient un effet d’infini en termes de profondeur et de hauteur, une sorte de tour lumineuse. Les images passaient ensuite à un « univers technologique », où l’on pouvait voir des scènes liées au monde industriel : du métal en fusion avec des étincelles, des carrés aux lueurs rouges, bleues et vertes, ainsi que des grilles de couleurs amplifiées, semblables à des prismes. Dans le troisième théâtre en forme de cube, des miroirs sur toutes les surfaces (sauf le point d’origine de la projection) produisaient un effet d’infini, cette fois-ci dans toutes les directions. De cet « univers fantastique », comme le décrivait Markson, les spectateurs se dirigeaient vers une grande sphère qui allait au-dessus d’eux et sous eux. Les trois écrans de ces salles faisaient 3,65 mètres par 5,49 à 5,79 mètres, la distance la plus rapprochée des visiteurs aux écrans étant de 3,65 mètres et la plus éloignée, de 9,75 mètres. Le théâtre pouvait accueillir cinquante personnes par salle à toutes les cinq minutes, un total de 7200 personnes se déplaçant dans les espaces à chaque jour. En collaboration avec le compositeur R. Murray Schafer, les concepteurs du pavillon ont créé des explorations émotionnelles, physiques et psychologiques de la couleur en la démultipliant et en l’amplifiant à l’aide de miroirs, pour offrir au public des « super-réalités cosmiques et kaléidoscopiques ». (Monika Kin Gagnon)
Morley Markson
Morley Markson est cinéaste, photographe, designer industriel et concepteur d’expositions; il vit à Toronto. En plus d’être le concepteur du Kaléidoscope à Expo 67, y compris les films présentés, il a créé de nombreux environnements basés sur l’expérience. Comme cinéaste, il a réalisé plusieurs films à partir des années 1970, entre autres Breathing Together: Revolution of the Electric Family (1971), sur l’éradication des activistes radicaux aux États-Unis, et The Life and Times of Allen Ginsberg (1993).