La Terre, Patrie de l’Homme était une installation cinématographique verticale, unique en son genre, créée pour le pavillon thématique « L’Homme interroge l’univers » (dans la sous-section « L’Homme, la planète et l’espace »). Le film a été produit, réalisé et monté par les cinéastes et designers américains Nick et Ann Chaparos, un couple qui a développé le concept du projet en 1965 pour l’Institut de design de l’Université de Waterloo (Canada), à travers leur société Chaparos Productions Limited. Le film a été initialement tourné en couleur et en noir et blanc sur pellicule 35 mm, et intégrait des images d’archives, notamment des photographies et des films 16 mm, pour un total d’environ 500 images. Après le tournage, le scénario a été écrit par Phillip Hersch, alors auteur de la série télévisée canadienne Wojeck (1966-1968), mettant en évidence la relation complexe entre les humains et l’environnement, et soulignant la complexité et la beauté de la planète. Le format final de l’écran intégrait trois images distinctes et contrastées empilées verticalement dans un seul cadre de 70 mm. Les images étaient harmonisées pour former des images monumentales, parmi lesquelles un nouveau-né, le lancement d’une fusée et l’explosion d’une bombe atomique. Les images étaient accompagnées d’une bande sonore entraînante composée de voix, de musique et de sons bruts enregistrés sur place, puis arrangés par le technicien du son Brian Avery. Parmi les chansons, on retrouve Yellow Bird, interprétée par Jeanne d’arc de Sampaio au Brésil, Dominique interprétée par Sœur Sourire (la religieuse chanteuse belge), et The Wanderers.
Un compte rendu détaillé et une chronologie de la production, du tournage et de l’enregistrement sonore au Canada, au Pérou, au Brésil, en Angleterre, en France et aux États-Unis sont décrits dans l’article de Nick Chaparos publié en 1967 dans American Cinematographer. Ce film est un exemple remarquable du cinéma humaniste et environnementaliste des années 1960, qui trouve encore un écho aujourd’hui et rappelle Labyrinth (Labyrinthe) et Polar Life (La Vie Polaire), deux films qui faisaient preuve de retenue et d’une compréhension exceptionnelle de l’expérience spectatorielle offerte par ces formats expérimentaux.
Dans l’une des critiques les plus détaillées du film, publiée dans le Journal du SMPTE (Society of Motion Picture and Television Engineers/ Société des ingénieurs du cinéma et de la télévision) en 1968, le compositeur Frank Lewin décrit avec enthousiasme La Terre, Patrie de l’Homme comme « l’un des films les plus émouvants de tous les temps ».