Photo: Musée d’art contemporain de Montréal, avec la permission de/courtesy of Richard Max-Tremblay
Duane Linklater
Earth Mother Hair [Cheveux de Terre-Mère], Indian Hair [Cheveux d’Indien], et Earth Mother Eyes [Yeux de Terre-Mère], Indian Eyes [Yeux d’Indien], Animal Eyes [Yeux d’animal], 2017
Peinture sur mur intérieur du Musée d’art contemporain de Montréal, tirée d’une série de petites peintures d’yeux et de cheveux effectuées à partir d’une photographie de Earth Mother and Her Children (1967) de Norval Morrisseau, exécution confiée à Julie Ouellet, absence de l’artiste
À partir de Earth Mother and Her Children [Terre-Mère et ses enfants], 1967
Peinture sur panneau de bois extérieur du pavillon des Indiens du Canada à partir du dessin original, interprétation de Carl Ray, censure imposée par le MAINC, absence de Norval Morrisseau
Cette œuvre de Duane Linklater interroge l’institutionnalisation et l’historicisation des corps et des œuvres autochtones. La peinture réalisée à même le mur fait référence à Earth Mother and Her Children, l’œuvre de Norval Morrisseau exécutée sur un des panneaux de bois extérieurs du pavillon des Indiens du Canada. Ce fut en fait Carl Ray, l’assistant de Morrisseau, qui accomplit la murale au nom de l’artiste pour des raisons qui demeurent nébuleuses, mais qui pourraient être liées au fait que le ministère des Affaires indiennes et du Nord canadien (MAINC) ait exigé de l’artiste de modifier l’œuvre, jugeant trop explicite la représentation d’un humain et d’un animal se nourrissant au sein de Terre-Mère. La murale finale fut modifiée – et censurée – et une distance « appropriée » fut établie entre Terre-Mère et ses enfants. Pour réitérer l’absence de Morisseau, Linklater a confié à Julie Ouellet l’exécution de son interprétation des cheveux et des yeux de l’œuvre originale. Une lourde charge politique entoura le pavillon des Indiens du Canada, qui était composé de six œuvres de grandes dimensions réalisées par des artistes contemporains et d’un totem, et par ailleurs de documents photographiques et textuels dénonçant de manière explicite l’histoire et le traitement des peuples autochtones au Canada, y compris le système des pensionnats indiens qui, en 1967, était encore pleinement en vigueur. Linklater évoque cet héritage « qui nous affecte encore, dont nous sommes encore témoins et auquel nous devons encore faire face aujourd’hui ». (D. Linklater)
Sur l’artiste
Duane Linklater, né en 1976, est Cri Omaskêko de la nation Moose Cree du nord de l’Ontario et vit présentement à North Bay, Ontario. Linklater a obtenu deux baccalauréats de l’Université de l’Alberta en Études Autochtones et en Arts visuels. Il a ensuite complété sa maîtrise en film et vidéo à la Milton Avery Graduate School of Arts du Bard College dans l’État de New York. Il a exposé et projeté son travail nationalement et internationalement à la Vancouver Art Gallery ; la Art Gallery of Alberta, Edmonton ; la Family Business Gallery, New York ; et à The Power Plant Contemporary Art Gallery, Toronto. Il a récemment présenté son travail en collaboration avec Tanya Lukin Linklater au Museum of Contemporary Canadian Art, Toronto. Son film, Modest Livelihood (2012), projet réalisé en collaboration avec Brian Jungen, a d’abord été présenté à la Walter Phillips Gallery du Centre Banff en collaboration avec dOCUMENTA (13), puis, à la Reva and David Logan Centre Gallery de l’Université de Chicago ; à la Galerie Catriona Jeffries, Vancouver ; et au Musée des Beaux-arts de l’Ontario, Toronto. Linklater a remporté le Prix Sobey en 2013.